Les abeilles, pilier de la biodiversité et artisans de la production de miel, font face à une multitude de menaces. Parmi elles, le varroa, un acarien parasite, s’avère être le plus redoutable adversaire des abeilles et des apiculteurs. Ce parasite s’attaque aux abeilles et à leurs colonies, engendrant des dommages souvent considérables et parfois irréversibles. Dans cet article, nous vous dévoilerons tout sur le varroa : sa nature, son mode de développement, ses impacts dévastateurs sur les abeilles et les stratégies pour combattre cette calamité. Vous comprendrez pourquoi le varroa est considéré comme l’ennemi principal des abeilles et comment les apiculteurs peuvent sauvegarder leurs ruches face à cette grave menace.
Comprendre le varroa : Identification et cycle de vie
Qu’est-ce qu’un varroa ?
Le varroa est un acarien parasitaire nuisant principalement aux abeilles, se classant en deux types : Varroa destructor et Varroa jacobsoni. Varroa destructor cible spécifiquement les abeilles européennes (Apis mellifera mellifera) et représente une menace considérable pour elles. À l’inverse, Varroa jacobsoni affecte principalement les abeilles asiatiques (Apis cerana). Le nom “varroa” vient de Marcus Terentius Varro, un érudit et apiculteur de l’Antiquité romaine.
Le cycle de vie du varroa et son impact sur les colonies d’abeilles
Le cycle de vie du varroa comprend une phase phorétique, durant laquelle l’acarien s’attache aux abeilles adultes, et une phase reproductrice qui se déroule à l’intérieur des cellules de larves où le varroa se reproduit. Il se nourrit principalement des tissus adipeux des abeilles et nom de l’hémolymphe (le sang des abeilles), le varroa affaiblit considérablement ses hôtes, les exposant à des maladies et faisant d’eux de faciles vecteurs pour des virus tels que le virus de l’aile déformée (DWV), entraînant des déformations ou même la mort des abeilles. Ainsi, une infestation par le varroa peut entraîner des pertes significatives, voire la disparition totale des colonies d’abeilles.
Reconnaissance visuelle et symptômes d’une infestation
Le varroa, de forme aplatie(figure b) et de couleur brun-rougeâtre, mesure approximativement 1,5 mm de long et 1 mm de large, le rendant visible à l’œil nu. Cependant, il tend à se cacher entre les segments abdominaux des abeilles. Les symptômes d’infestation varient selon l’ampleur de l’infestation, la saison, et la présence de virus, incluant une réduction de la population et de l’activité de la colonie, une diminution de la production de miel, une mortalité accrue des abeilles, la présence d’abeilles avec des ailes déformées ou atrophiées, des larves et des nymphes mortes ou momifiées, et des cellules du couvain perforées ou anormales.
Les conséquences dévastatrices du varroa sur les abeilles
Effets immédiats sur la santé des abeilles
Le varroa, en se nourrissant des tissus adipeux, cause des blessures(figure c et d) et entraîne des conséquences graves telles que la perte de poids, des carences nutritionnelles et un affaiblissement du système immunitaire. De plus, en transmettant divers virus, il provoque chez les abeilles infectées des infections, malformations, paralysies et, dans les cas les plus extrêmes, la mort. Ce parasite affecte également le comportement des abeilles, diminuant leur capacité à voler, à communiquer, à s’orienter et à se défendre. Ainsi, les abeilles affaiblies par le varroa sont plus susceptibles de succomber aux prédateurs, aux pesticides ou encore aux conditions climatiques défavorables.
Répercussions à long terme sur les colonies
Les effets du varroa sur les colonies d’abeilles sont particulièrement dévastateurs sur le long terme. En ciblant les larves et les nymphes, il empêche le renouvellement naturel de la population des abeilles, conduisant à un vieillissement prématuré de la colonie. L’attaque des abeilles adultes réduit leur productivité et la cohésion au sein de la colonie, provoquant divers déséquilibres démographiques, la perte de reines, et dans les cas les plus graves, des dépopulations massives, des pillages, des abandonnements ou l’effondrement total des colonies. Le varroa est aujourd’hui reconnu comme l’une des causes majeures du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (CCD), un problème critique à l’échelle mondiale menaçant la pérennité de l’apiculture.
Impact sur la production de miel et la pollinisation
Le varroa porte également atteinte à la production de miel et à la pollinisation. En affaiblissant les abeilles ouvrières, il réduit leur capacité à butiner et à produire du miel. La réduction du nombre de colonies diminue la disponibilité des ruches pour les apiculteurs, entraînant une baisse significative de la production , avec pour conséquence une perte de revenus notable pour les apiculteurs. La pollinisation, service écologique vital pour la reproduction des plantes et la production alimentaire, est aussi affectée. La diminution de la diversité et de l’abondance des pollinisateurs compromet la reproduction de nombreuses cultures agricoles et espèces végétales sauvages, mettant ainsi en péril la sécurité alimentaire et la biodiversité globale.
Stratégies de lutte contre le varroa
Méthodes traditionnelles et naturelles de lutte
La lutte contre le varroa destructor peut être abordée de deux manières pour les apiculteurs : la lutte chimique et la lutte biotechnique. Chacune de ces méthodes a ses spécificités, avantages, et contraintes.
La lutte chimique : Cette méthode a été la première utilisée contre le varroa. Elle implique l’utilisation de molécules soit de synthèse, adaptées pour une production conventionnelle, soit de molécules naturellement présentes dans la ruche. Les produits couramment utilisés sont à base d’amitraze (comme Apivar et Apitraz) et d’acide oxalique (comme Apibioxal). Depuis le 26 mai 2018, en France, ces médicaments sont disponibles sans prescription vétérinaire, bien que leur achat reste réglementé et ne soit pas en libre-service.
Les molécules autorisées en France pour la lutte chimique incluent :
- Acide oxalique
- Acide formique
- Thymol
- Amitraze
- Tau-fluvalinate
- Fluméthrine
Lors de l’utilisation de produits chimiques, il est essentiel de prendre des précautions en portant un équipement de protection adéquat (masque, gants, lunettes, etc.). Il est également recommandé de se renseigner sur ces méthodes avant de les appliquer.
2. La lutte biotechnique : Les apiculteurs se tournent de plus en plus vers les méthodes biotechniques pour combattre le varroa, en raison de l’apparition de résistances aux acaricides de synthèse et de la perte d’efficacité de certaines molécules. Ces méthodes biotechniques comprennent la création d’une absence de couvain, permettant l’application de traitements à base d’acide oxalique, particulièrement efficace en l’absence de couvain. Cette approche est non seulement économique pour l’apiculteur mais est également compatible avec de nombreux itinéraires techniques, y compris dans les exploitations apicoles en Agriculture Biologique (AB).
Pour optimiser l’utilisation de l’acide oxalique dans le cadre de la lutte biotechnique, il est conseillé aujourd’hui de coupler la lutte chimique et biotechnique, qui permet d’accentuer considérablement l’efficacité du traitement en exposant les varroas aux traitements contre varroa en saison.
Chaque méthode a ses avantages et doit être choisie en fonction de la situation spécifique de chaque apiculteur et de ses préférences en matière de gestion des ruches.
Avancées technologiques et recherche de nouvelles solutions
Depuis l’arrivée du varroa en France dans le Bas-Rhin en 1982, les apiculteurs sont confrontés à un ennemi résilient qui a continuellement défié les méthodes de lutte traditionnelles. Malgré les efforts déployés et les avancées dans la compréhension de ce parasite, les solutions concrètes restent limitées. La résistance croissante du varroa aux traitements chimiques conventionnels a poussé les apiculteurs et les chercheurs à chercher des alternatives plus durables et efficaces. La lutte biotechnique, bien qu’utile, ne suffit pas à contrer la menace croissante que représentent la virulence du varroa et les virus qu’il véhicule, lesquels causent des ravages considérables au sein des populations d’abeilles.
Face à cette impasse, l’innovation technologique et la recherche scientifique approfondie sont devenues cruciales. Les chercheurs se tournent vers de nouvelles avenues, explorant des solutions qui vont au-delà des méthodes conventionnelles. Cette quête de nouvelles stratégies est motivée par une nécessité urgente de trouver des réponses efficaces pour sauvegarder la santé des colonies d’abeilles, cruciales pour la biodiversité et l’apiculture à l’échelle mondiale.
Les apiculteurs attendent avec impatience des avancées significatives dans ce domaine, espérant que la recherche en cours apportera des solutions innovantes et efficaces pour contrer la menace du varroa. L’urgence de la situation appelle une action concertée et un soutien continu à la recherche et au développement de nouvelles méthodes de lutte, qui soient à la fois durables pour l’environnement et respectueuses de la biologie complexe des abeilles.
Le rôle crucial des apiculteurs et de la communauté scientifique
Les apiculteurs et la communauté scientifique jouent un rôle fondamental dans la lutte contre le varroa, collaborant étroitement pour relever ce défi. D’un côté, les apiculteurs appliquent les méthodes de traitement conseillées, assurent un suivi rigoureux de la santé de leurs colonies et participent activement à des programmes de prévention. De l’autre, les scientifiques s’investissent dans la recherche pour mieux comprendre le varroa, développent des solutions innovantes et diffusent leurs connaissances.
En France, l’Institut Technique et Scientifique de l’Apiculture et de la Pollinisation (ITSAP) et les Associations pour le Développement de l’Apiculture (ADA) incarnent cette synergie entre pratique et recherche. Ils accomplissent un travail remarquable, œuvrant à l’avancement des connaissances et des pratiques pour sauvegarder la santé des abeilles et assurer la pérennité de l’apiculture. Leur engagement, soutenu par une sensibilisation accrue du public et l’implication des autorités, est indispensable pour venir à bout de ce fléau et préserver l’avenir de l’apiculture en France.
Voici un dossier complet de l’ITSAP pour en savoir plus : Mes colonies sont-elles suffisamment déparasitées et comment améliorer ma stratégie de lutte ?
Conclusion
Le varroa représente la principale menace pour les abeilles, compromettant leur santé, leur survie, leur capacité à produire du miel et leur rôle crucial dans la pollinisation. Pour combattre efficacement ce parasite acarien, la mise en place d’une stratégie efficace est nécessaire. Cela inclut des méthodes éprouvées, naturelles et des approches innovantes, toutes intégrées dans un plan de gestion holistique de ce nuisible. Les apiculteurs, appuyés par la recherche scientifique, jouons un rôle central dans cette lutte de tous les instants. Nous sommes dans l’obligation de tous mettre en œuvre, surveillances des colonies, les traitements et développons de nouvelles stratégies pour faire face au varroa. Ne pas traiter c’est la mort assurée de nos colonies à moyen terme. Nos actions sont essentielles pour protéger nos abeilles mais aussi pour préserver la biodiversité dans son ensemble.